Chantepie / Cherbourg / Chantepie

23 24 25 février 2010

André, Christian.B, Christian.G, Jean-Charles, Michel

La météo avait parfaitement annoncé les conditions atmosphériques que nous avons subies. Il n'était donc vraiment pas prudent de partir...

Mardi 23 février 2010

CHANTEPIE / BRICQUEBEC. 227 km ; 21,5 km/h.

Le départ

Départ à 7 h. Il fait doux ; le vent assez puissant vient du sud et est donc favorable ; la pluie menace. Le jour commence à poindre alors que nous quittons le boulevard des Alliés en direction de Saint-Sulpice-la-Forêt. La route est détrempée et sale par endroits (à la sortie de Chasné en direction de Ercé-près-Liffré par exemple, mais on verra pire). En montant depuis Ercé vers Gosné on traverse un secteur que Christian (B) connait très bien. Le chemin se poursuit sans problème, sous cette grisaille, jusqu'à Saint-James, premier contrôle et premier vrai arrêt. On se ravitaille un peu dans un café, autour d'une boisson.

Les difficultés dues au relief commencent

Après une belle descente à la sortie de Saint-James, c'est une non moins belle côte que nous gravissons pour atteindre l'entrée du cimetière américain puis emprunter les premières très petites routes avant de retrouver une voie plus large qui mène à Ducey. Le soleil se montre timidement. Quelle que soit la route par laquelle on arrive à Avranches, la pente ne risque pas de passer inaperçue. Nous traversons Avranches en travaux avant d'aborder la descente vers Marcey-les-Grèves, descente avec son virage en épingle et son vaste panorama, site désormais bien connu (flèche de Granville, BRM 300 2009 ASC-Cyclo). La montée vers Lolif (contrôle 2), petit village où rien n'est ouvert et où il n'y a personne, est très sérieuse. Le ciel est de nouveau très sombre. Photos devant l'église. Photos devant le panneau de sortie du village ; l'appareil tout neuf de Christian (G) tombe lourdement sur la chaussée en changeant de mains et subit des dommages apparemment irréparables.

Lolif : près de l'église, puis à la sortie avant la dangereuse descente.

À la sortie de Lolif, la descente est très raide, étroite, glissante, et se termine par un virage prononcé : c'est très dangereux. C'est là qu'Arlette a chuté gravement il y a quelques années. Pour des raisons de flèche «grand tourisme» nous n'allons pas vers Gavray, mais vers Villedieu-les-Poêles. Nous nous arrêtons déjeuner avec nos provisions dans un café, le « bar tabac » situé au carrefour du Grippon 50320 La Mouche (Tél 02 33 91 71 66) — carrefour entre la D41 que nous empruntons et la D7 reliant Avranches et la Haye-Pesnel — alors que nous avons fait 110 km depuis Chantepie.

Le carrefour du Grippon.

L'après-midi sur les petites routes

Au début de l'après-midi on peut croire un moment que le soleil va dominer, mais le temps est très changeant et alors que nous venons de monter quelques côtes pour quitter Villedieu, il faut s'arrêter pour enfiler rapidement les imperméables. Nous subissons une averse assez longue et intense. Le vent est toujours favorable en moyenne, mais les rafales sont parfois un peu gênantes. La montée vers Montpinchon est longue et difficile, comme on me l'avait dit. Le ciel est très sombre mais la pluie s'est calmée. Je monte très lentement sur 28/26, refusant toute accélération du rythme de ma respiration. Contrôle. Photos devant un des panneaux d'entrée du village — sur la D73 qui vient d'Ouville et que j'emprunterai le surlendemain, mais je ne le sais pas encore, avec la cathédrale de Coutances à l'horizon ouest —  puis devant le monument rappelant l'existence du télégraphe de Chappe.

Montpinchon : panneau, télégraphe de Chappe, vue sur la cathédrale de Coutances.

C'est ensuite une série de petites routes toujours détrempées, pleines de cailloux, parsemées de côtes plus ou moins rudes vers Belval, Camprond, Saint-Aubin-du-Perron. C'est si étroit que le croisement d'un attelage agricole nous oblige à poser pied à terre. C'est là que je ressens les signes d'une fringale imminente. Le pain d'épices présent dans la sacoche est le bienvenu ; j'en avale deux tranches, je prends un comprimé de glucose et je bois un quart de bidon d'eau. On verra bien. Je trouve que l'on n'en finit pas d'arriver à Vesly. Cette impatience fait aussi partie des signes de la fringale.

Il y a maintenant moins de côtes et je récupère mieux que je ne l'espérais alors que l'on approche de la Haye-du-Puits — contrôle. Jean-Charles a faim à son tour et je crois déceler qu'il n'est pas le seul. La boulangerie-pâtisserie de la Haye-du-Puits a du succès. Avec Jean-Charles je vais prendre une consommation au café situé de l'autre côté de la place ; nous ne sommes que tous les deux à choisir cette option.

Je crois que c'est non loin de la sortie de la Haye-du-Puits que la roue avant d'André a crevé alors que la pluie commençait de nouveau à tomber dru.

La nuit et les crevaisons

Ensuite la nuit est tombée bien vite. À 13 km de Bricquebec alors qu'il est un peu plus de 19 h, c'est à mon tour : aucun doute, mon pneu arrière est soudainement à plat. La réparation nocturne à la lumière des torches et de ma lampe frontale, et où tout le monde m'aide se fera rapidement — moins de 1/4 h. Un magnifique silex a transpercé le pneu et est encore bien saillant des deux côtés. Merci Christian (G) pour la lessive et l'eau car mes mains étaient dans un état de saleté difficile à décrire. Merci à tous ! Vous avez même soigneusement rangé ma sacoche pendant que je regonflais le pneu.

Crevaison nocturne.

Notre logeuse à Bricquebec est alors prévenue de notre retard et elle a dû également prévenir le restaurateur. En route pour Bricquebec... Pourvu que ça ne recommence pas sur cette route détrempée. Hélas... C'est la roue avant d'André qui crève pour la seconde fois et c'est une nouvelle réparation nocturne.

L'étape

Nous arrivons à Bricquebec un peu après 20 h et nous mettons encore un bon quart d'heure pour trouver le gîte dont André ne possède pas l'adresse exacte. Nous sommes très bien accueillis. Les vélos sont vite garés. Le temps de retirer les casques et les couvre-chaussures et nous allons tout de suite au restaurant distant de 300 m environ dans l'état où nous sommes. La douche, ce sera pour après le dîner.

Site de l'office du tourisme de Bricquebec avec adresse des Chambres d'Hôtes de Mr et Mme Dugué

Bon accueil au restaurant. Dîner agréable et régénérateur. Le gîte est de très bon confort. Il est 23 h. Le sommeil est immédiat au terme de ce parcours très vallonné de 226 km avec vent essentiellement favorable heureusement.


Mercredi 24 février 2010

BRICQUEBEC / CHERBOURG (par la côte) / COUTANCES. 152 km ; 17,4 km/h (en ce qui me concerne).

Jusqu'à la côte et le long de celle-ci : c'est dur mais il fait beau

Vers 6 h, on peut entendre le vent qui souffle en tempête et la pluie qui cingle la toiture et le « vélux » de notre chambre. Dehors c'est la tourmente. Au moment du petit déjeuner, la pluie a cessé et le vent a faibli. Une première dépression semble passée. Nous partons alors qu'il est un peu plus de 8 h.

La route entre Bricquebec et la côte est vallonnée avec de sérieuses montées. Ensuite le long de la côte, c'est une succession de montées et de descentes parfois assez longues et à forts pourcentages (typiquement 10 %, voire plus, sur 200 à 300 m). Il y a du soleil et le vent reste encore favorable en moyenne. Arrêt à Le Rozel (contrôle de la flèche « grand tourisme ») ; photos dans ce village pittoresque où on peut voir une tour originale. Arrêt un peu plus loin du côté de Bréval au-dessus de l'anse de Sciotot pour prendre des photos du groupe avec la mer et la grève, en-dessous et en toile de fond.

Le Rozel.

La décision de rouler seul

Il est environ 10 h 30 et nous avons fait une quarantaine de kilomètres sur ces belles routes difficiles quand je décide de quitter le groupe et de poursuivre mon chemin seul vers Cherbourg. En effet :

– les côtes sont gravies à une allure trop rapide pour moi et je ne veux pas m'essouffler en grimpant ; on m'attend donc à chaque sommet et il est clair que je retarde tout le monde ; je veux mettre fin à cette situation désagréable pour tous ;

– enfin les carnets de route de Flèches de l'Ouest, que je possède depuis longtemps, sont des carnets de route pour la formule «tourisme» et je n'avais donc pas dans la tête de faire tout ce détour par la côte aujourd'hui ; ceci étant dit, je ne regrette pas ce détour.

Entre Biville et Vauville, je vois la direction de Beaumont-la-Hague sur la droite et j'avertis Jean-Charles avec qui je me trouve en queue du groupe que je «coupe». Juste après, j'aperçois l'usine de retraitement des déchets nucléaires de La Hague, là-bas, à quelques kilomètres, sur ma gauche.

L'itinéraire de la flèche «grand tourisme» allait jusqu'à Auderville

Photo de la collection d'André prise par Christian.G

Désormais seul vers Cherbourg

Désormais je suis donc seul. Plus personne devant pour me faire aller inconsciemment un peu trop vite, mais il faut aussi que je «fasse ma route» et que je gère tous les incidents qui pourraient arriver.

Je vois une aire de pique-nique. Ce n'est vraiment pas le temps pour pique-niquer, mais je m'arrête cependant : je vais me délasser un peu et me restaurer en ayant pris soin de me mettre à l'abri du vent qui a repris une belle vigueur. L'arrêt est bénéfique. Le chemin vers Cherbourg s'effectue avec un vent favorable, mais sur une route à grande circulation pas très intéressante (la RD901) à partir des environs de Beaumont quand je dois obliquer vers l'est.

J'atteins le bord de la mer à Équeurdreville. C'est aussi le début de l'agglomération de Cherbourg — je ne connais pas du tout Cherbourg — et pour rejoindre le centre-ville distant de 5 km environ il faut emprunter une belle piste cyclable qui longe la mer.

Mon premier souci est de trouver un marchand de cycles avant midi (il est 11 h 45) ; il faut absolument que j'achète une chambre à air (je n'en ai plus qu'une) et que je fasse rétabir une pression correcte dans mon pneu arrière après la crevaison d'hier. Je croise presque tout de suite un cycliste à qui je fais signe de s'arrêter. Il m'apprend qu'il y a un vélociste juste à côté. Je m'empresse d'aller jusqu'à sa boutique et voilà un souci en moins.

J'ai maintenant le temps de prendre des photos de mon vélo devant la mer à l'entrée de la piste cyclable. Je m'arrête ensuite pour prendre une nouvelle photo de ma bicyclette devant le panneau d'entrée dans Cherbourg-Octeville. Je longe l'arsenal et j'arrive au centre-ville. Au fond d'une place en travaux je vois un restaurant : pas trop de monde, un menu à 12 € avec un plat du jour qui me convient parfaitement (mignons de porc avec de la purée et des haricots verts) et un excellent dessert maison typiquement normand et léger. Un personnel aimable, une boîte aux lettres à deux pas pour poster ma carte de contrôle, quoi demander de plus ? Je suis arrivé à 12 h 20 après avoir parcouru 62 km ce matin et non pas 25 ce qui aurait été le cas si j'étais venu par la route directe depuis Bricquebec. À 13 h 10 je repars.

Arrivée à Cherbourg

Restaurant «La Cale and Co» à Cherbourg : site et plan d'accès
La Cale and Co

RETOUR

L'après-midi : le déluge et le vent violent, contraire

Le ciel bleu a laissé la place à un ciel de plus en plus laiteux puis maintenant très chargé et le vent se renforce. Dès que j'oblique en direction de Carteret je suis dans la très longue côte parfois bien pentue qui permet de s'extraire de Cherbourg et j'ai le vent violent face à moi. Ce terrible vent contraire ou presque contraire, j'en ai pour tout le reste de la journée.

Bifurcation à gauche vers Bricquebec. Devant moi le ciel est très sombre et le haut de la colline que ma route va franchir n'est pas net ; il est sous la pluie et je vais droit dedans. Voilà, j'y suis. L'imperméable est vite enfilé et c'est désormais sous le déluge, face au vent violent et aux prises avec des côtes bien raides — quel cocktail, heureusement qu'il manque le froid — que, bien concentré, je poursuis obstinément et prudemment mon chemin. C'est la deuxième dépression du jour ; c'était annoncé.

L'arrêt à Bricquebec est impératif. Ça va beaucoup mieux. Je choisis de rejoindre la Haye-du-Puits par Saint-Sauveur-le-Vicomte c'est-à-dire en empruntant des axes plus importants que ceux préconisés sur la feuille de route. Le relief est progressivement moins exigeant, mais les conditions atmosphériques sont toujours aussi épouvantables. Au contrôle de la Haye-du-Puits, une fois descendu de machine je n'ai pas le temps de recouvrir ma selle avant qu'elle ne soit déjà trempée et je suis obligé de faire très attention à bien positionner mon vélo pour que le vent ne le projette pas au sol.

Je passe ensuite par Mobecq (ce que nous n'avions pas fait à l'aller), par Vesly et j'atteins Périer. Je trouve sans trop de difficulté la route de Saint-Aubin-du-Perron et de Camprond après m'être renseigné une fois cependant dans le bureau d'une auto-école où règne une douce chaleur ; j'y serais bien resté !

Dans toute cette partie du trajet effectuée majoritairement parmi les flaques d'eau et les cailloux, sur des routes très étroites de difficulté moyenne, la pluie continue a fini par laisser la place à une succession d'averses parfois longues et violentes et le vent de face est devenu un vent essentiellement latéral droit et toujours puissant. C'est normal ; la dépression en spirale avance et les vents de secteur sud, sud-ouest évoluent vers des vents d'ouest.

Le début de nuit dans la tourmente ; l'étape à Coutances

L'heure avance et la nuit tombe peu à peu. Elle est complètement tombée quand j'arrive, après Camprond, au carrefour avec la D972 qui relie Saint-Lô et Coutances, non loin de Belval-gare. Il me reste encore en gros 25 km pour atteindre Gavray lieu prévu pour l'étape où je dois en principe retrouver mes quatre camarades de route. Il faut pour cela que je passe au contrôle de Montpinchon avec sa difficile côte, en empruntant de très petites routes. Je n'ai pas besoin de réfléchir très longtemps pour décider qu'il n'est pas raisonnable de se lancer seul, de nuit, au milieu de cette tourmente, dans ces chemins incertains.

En face de moi il y a un panneau qui indique : « Coutances 6 », sur la droite c'est-à-dire vers l'ouest, c'est-à-dire complètement face au vent. Tant pis, 6 km même face au vent, de nuit, sous la pluie, ça doit pouvoir se faire en une vingtaine de minutes. Sur cette route très fréquentée je ne serai pas seul en cas d'incident. Il est 19 h je vais arriver à Coutances à une heure convenable et je vais bien y trouver un hôtel et pouvoir dîner. Je rentre dans la cour d'une maison contre laquelle je me place à l'abri du vent ; un tel abri est absolument nécessaire. Je peux ainsi laisser un message à mes camarades de route dont les portables ne répondent pas et faire part de ma décision à Anny.

Je m'apprête à repartir quand mon portable sonne. C'est un message de Christian (G). Ils se sont arrêtés à la Haye-du-Puits, soit 35 km au moins derrière moi, eux aussi freinés par le vent et la pluie et pris par la nuit. Ils n'étaient donc pas en mesure d'atteindre Gavray et j'aurais bien eu tort de m'acharner à y aller.

Je suis à l'hôtel « La Pocatière » à 19 h 40. Excellent accueil. Je vais pouvoir dîner sur place et me doucher avant. J'ai une chambre très confortable pour un prix vraiment raisonnable. Mon vélo, dans un état de saleté record (et qui commence à couiner de partout), est placé dans un endroit sûr.

Site de l'hôtel la Pocatière

Au cours de la journée, j'ai fait 152 km à la moyenne de 17,4 km/h. Je suis certes fatigué, mais pas épuisé. J'apprécie beaucoup, en particulier, de retrouver enfin des chaussettes et des chaussures sèches.


Jeudi 25 février 2010

COUTANCES / CHANTEPIE. 149 km ; 16,9 km/h.

Jusqu'à Montpinchon

Départ à 8 h 45. Il ne pleut pas. Le vent est calme pour l'instant. Le ciel est néanmoins très sombre.

Le tenancier de l'hôtel vient me tenir une sympathique conversation pendant que j'attache mes sacoches. C'est quelqu'un qui connaît la pratique de la bicyclette ; il a fait de la compétition pendant sa jeunesse, c'est son épouse qui me l'a dit alors qu'elle me servait le dîner hier soir. Il m'indique et me décrit clairement l'itinéraire que je dois prendre pour rejoindre Montpinchon le plus directement possible.

Longue descente dans Coutances, puis c'est la côte annoncée effectivement longue, régulière et de pente raisonnable. Elle est gravie non moins régulièrement en utilisant 40/26 et à 12 km/h. Cela permet au cycliste de s'échauffer sans brutaliser ses muscles qui viennent d'encaisser 380 km dans des conditions pas toujours idéales.

Là-haut, à gauche, je trouve bien la route vers Nicorps. C'est à peu près plat ici et le révêtement est bon. Nicorps, Ouville... Je me dirige vers Roncey et mon principal souci est de ne pas manquer la route vers Montpinchon sur la gauche ; c'est pourquoi je demande à deux voitures que je croise de s'arrêter — et elles le font très aimablement —  afin de m'assurer que je ne suis pas en train de me fourvoyer. Toutes ces hésitations, tous ces arrêts font que je n'avance pas beaucoup. C'est bon ; voilà la route de Montpinchon : Montpinchon 3 km.

J'allège un peu ma tenue car je sais ce qui m'attend ; j'ai bien vu la pente de la route avant-hier quand j'ai pris la photo montrant la cathédrale de Coutances à l'horizon. On commence par une forte descente et ensuite, tout de suite, 28/26. Voilà je suis en haut, tranquillement. Message à Anny, carte de contrôle rédigée et postée, pas un chat aux alentours, rien d'ouvert bien entendu...

Il est 10 h et je m'apprête à repartir quand je vois surgir — la route par laquelle ils arrivent à Montpinchon est suffisamment pentue pour donner cette impression — mes quatre compagnons de route !!

Ils sont repartis à 7 h 30 et ont roulé à allure très soutenue semble-t-il. Ils sont un peu marqués par l'effort qu'ils viennent de fournir lors de cette ascension où je n'aurais certainement pas pu les suivre. En ce qui concerne André ce n'est pas très étonnant : son petit plateau s'est déclaré en congé, probablement mécontent de toute l'eau que la pluie a déversée sur le dérailleur avant et la chaîne ; j'admire un peu André car j'aurais été bien incapable de me passer de mon petit plateau sur un tel profil ; je crois que je me serais arrêté en bas de la côte pour forcer le passage de la chaîne à la main.

Arrivée à Montpinchon depuis Coutances, Nicorps et Ouville

De nouveau tous ensemble jusqu'à Gavray

J'attends une dizaine de minutes que tout le monde soit prêt et nous repartons ensemble. Quelques kilomètres et voilà de nouveau la pluie ; c'est probalement la troisième dépression, elle aussi annoncée. Jusqu'à Gavray nous poursuivons notre route sous l'eau et sur ces petites routes dont je commence à être saturé dans ces conditions.

Arrêt à Gavray pour faire les commissions pour ceux qui veulent manger froid avec leurs victuailles à midi. Pour ma part il n'en est pas question ; vu le temps qu'il fait je tiens à manger chaud, au restaurant, en prenant mon temps. Jean-Charles me demande si je veux bien qu'il m'accompagne ; c'est bien entendu avec plaisir que j'accepte. Nous nous séparons donc après avoir pris une consommation dans un café. Le reste du chemin se fera donc ainsi : André, Christian et Christian d'une part, Jean-Charles et moi d'autre part.

Avec Jean-Charles pour le reste du trajet

Quand Jean-Charles prend son vélo, il s'aperçoit que son pneu avant est à plat : deuxième crevaison de la journée. Nous réparons sous la pluie battante. C'est assez vite fait. Nous sommes maintenant sur la route assez importante et pas trop méchante qui mène à la Haye-Pesnel. Il faut avoir une grande capacité d'abstraction pour tenter d'oublier l'eau qui nous arrose et le vent qui nous freine violemment. Je trouve que malgré ces conditions nous avançons assez efficacement ; c'est important car ça montre que le moral n'est pas trop affecté. La direction de Champcervon et de les Chambres est assez facilement trouvée et c'est encore et encore les petites routes et leurs pièges dans ces conditions. À les Chambres nous tournons à gauche ; je me rends assez vite compte que nous nous dirigeons vers Villedieu et qu'il y a erreur ; demi tour ; il fallait tourner à droite pour trouver la route de Lolif — Lolif 3 km — sur la gauche presque tout de suite après.

J'avais oublié cette dangereuse descente qui suivait Lolif avant-hier. Aujourd'hui c'est une belle montée ; ça ne se passe pas trop mal. Arrêt à Lolif désert (contrôle) ; la pluie vient de cesser, mais pas le vent ; il est plus de 12 h 30. Nous prenons le temps de faire quelques photos, mais notre souci, vu l'heure, c'est maintenant le déjeuner.

Retour : passage à Lolif alors que la pluie vient de cesser.

Retour : passage à Lolif de André, Christian et Christian (photo André).

Ça descend pratiquement tout le temps jusqu'à la D973 reliant Avranches et Granville que nous prenons sur la gauche. Quelques centaines de mètres avant le début de la remontée vers Avranches, un « bar-brasserie » est ouvert sur la gauche. On veut bien nous y recevoir pour déjeuner : c'est parfait.

Nous resterons là environ une heure trente, bien installés près d'un radiateur ce qui nous permet de sécher et de nous réchauffer un peu en déjeunant.

L'après-midi et la soirée, sans pluie, mais face au vent féroce

La montée vers Avranches nous est servie en guise de digestif et la pluie s'en mêle encore assez brièvement cette fois. Les travaux au cœur d'Avranches nous obligent à faire une partie de la traversée à pied. Au bas de la descente en « M », recherche du magasin « Décathlon » et arrêt pour l'achat de chambres à air ; il ne nous en reste plus qu'une pour nous deux.

Pontaubault, Saint-James, ce n'est pas une route au relief très facile mais avec ce vent c'est excessivement dur. Arrêt pour le contrôle à Saint-James. Arrêt de nouveau à Saint-Brice-en Cogles ; les 16 km que nous venons de faire ont été très éprouvants. Et... Jean-Charles crève de nouveau à l'avant ; il est 18 h 15 ; c'est sa troisième crevaison de la journée à la même roue et nous ne trouvons jamais rien dans le pneu.

Il fait complètement nuit alors que nous rentrons dans Mézières-sur-Couesnon. Ensuite, c'est Gosné, puis directement Liffré par la côte de Sevailles. À Liffré nous obliquons vers Noyal-sur-Vilaine et Acigné. Nous rejoindrons ensuite Cesson par le Val Froment, et juste après la gare de Cesson, en remontant vers Chantepie, nous nous séparerons, chacun de nous étant alors proche de son domicile.

Le bouquet final

Lorsque nous virons à Liffré, alors que le vent et l'absence de pluie depuis plusieurs heures nous ont fait bien sécher, je fais remarquer à Jean-Charles que l'on voit très bien la lune, un peu voilée cependant, et d'ajouter : «au moins, en ce qui concerne la pluie, on est tranquille maintenant». Il ne reste pratiquement plus de difficultés dûes au relief d'ici l'arrivée, juste une petite côte avant de bifurquer vers Acigné. À la fin de la descente, avant d'aborder cette côte, nous ressentons quelques gouttes ; nous croyons rêver, mais il est vrai que l'on ne voit plus la lune. Sur la bretelle d'un kilomètre environ menant à Acigné, nous ne rêvons plus et c'est l'arrêt d'urgence dans le noir complet pour enfiler les imperméables.

À peine repartis, c'est la mini tornade : le vent tournoie et la pluie s'abat à pleins seaux ; aucun refuge à proximité, seule solution essayer de progresser là-dessous ; les quelques voitures que nous croisons sont presqu'à l'arrêt. Cet épisode d'une grande violence sera bref et il se sera déjà un peu apaisé quand nous prenons la route du Val Froment.

Je n'ai jamais vu cette route dans un tel état ; souvent il y a quelques flaques sur la route ; là c'est un peu de route qui arrive à émerger entre les flaques. Tout est soudainement plus calme quand les lumières de l'agglomération rennaise se dévoilent alors que nous passons par-dessus la rocade est. Durant cet épisode, j'avais la hantise de la crevaison ; c'eût été l'horreur absolue. J'ai aussi entendu un bruit sec au niveau de ma roue arrière juste dans la minuscule côte qui précède les maisons du Val Froment ; comme aucune autre anomalie ne s'est manifestée tout de suite après, j'ai continué mais il s'agissait bien du bris d'un rayon.

Il est 21 h 05 quand nous nous séparons. Nous sommes complètement trempés — le buste excepté — et nous ne prenons même pas de photo avant de partir. Nous n'avons qu'une hâte : rentrer. Je suis à la maison à 21 h 15. J'avais annoncé : pas avant 21 h.

André, Christian et Christian sont rentrés vers 19 h.

M.M


ANNEXE : l'itinéraire suggéré

RENNES – CHERBOURG
Formule Distance Délai
Touriste 236 km 2  jours
Randonneur 236 km 1 jour
Randonneur sportif 236 km 10 heures

Localités Distance partielle Distance totale Route Curiosités Autres
RENNES N12 D97

Centre ville piétonnier important. Hôtel de ville, théâtre. Parlement de Bretagne (Palais de Justice) restauré à l'identique après l'incendie de 1994. Musée de Bretagne. Les rues Saint-Georges (maisons à colombages), du Chapître (cathédrale), Saint-Malo. Les places du Champ-Jacquet et des Lices (halle Martenot). Le jardin du Thabor, l'un des plus beaux de France.

Saint-Sulpice-la-Forêt 12 12 D97
Chasné-sur-Illet 4 16 D106 *
D97 **
D26
À droite sur 100 m
** À gauche
 
Ercé-près-Liffré 5 21 D26
Gosné 4 25 D102 Étang de la Lande-d'Ouée.
Mézières-sur-Couesnon 7 32 D102

Vallée du Couesnon, nombreux sites, château de la Ville-Olivier.

Saint-Ouen-des-Alleux 5 37 D102
le Tiercent 3 40 D298
Saint-Marc-le-Blanc 3 43 D98
D102
Saint-Brice-en-Cogles 6 49 D102
D212
D998

Région d'extraction du granit. Château du Rocher-Portail (gîte d'étape).

SAINT-JAMES 16 65 D30 *
D30 **
D998
Direction [Saint-Hilaire-du-Harcouët, cimetière Américain] sur 3 km
** À gauche avant l'entrée du cimetière Américain
 
C
Montjoie-Saint-Martin 3 68 D178 Panorama (168 mètres).
Saint-Aubin-de-Terregate 5 73 D178
Ducey 6 79 D78

Château de Ducey. Barrage de la «Roche qui boit». Vallée de la Sélune.

Saint-Quentin-sur-le-Homme 4 83 D78

Belle église. Route en corniche avec panorama sur le Mont-Saint-Michel.

AVRANCHES
(direction Granville)
6 89 D7
D973

Cathédrale. Jardin des Plantes avec vue exceptionnelle. Musée de la seconde guerre mondiale. Stèle Patton. Manuscrits du Mont-Saint-Michel.

Marcey-les-Grèves D973
D105
LOLIF 9 98 D231 *
D41
D231
À droite après l'église (panneau mal placé)
 
 
C
les Chambres 4 102 D231
D575
Champcervon D575
D7
LA HAYE-PESNEL 5 107 D7
D35
À proximité, abbaye de la Lucerne (Xll ème).
Hocquigny
Folligny D35
«Le Repas» D35
D145
Ver 13 120 D33 *
D7
À droite au cimetière
 
GAVRAY 4 124 D38
Saint-Denis-le-Gast 4 128 D38
D49
D102
Grimesnil 3 131 D102
Roncey 5 136 D102 *
D58
D102
Direction Coutances
 
 
MONTPINCHON 5 141 D102
D52
Région vallonnée. Belle église. C
Belval (gare) 7 148 D972 *
D52 **
Direction Coutances
** À droite
Camprond D52
Saint-Aubin-du-Perron 10 158 D52
D971
PERIERS 7 165  
*
D24
D142
Intéressant musée du vélo
Prendre la route à gauche du cimetière
 
 
Vesly 12 177 D142
Mobecq D142
LA HAYE-DU-PUITS 8 185 D903 *
 
Direction Porthail, Saint-Symphorien-le-Valois
Abbaye de Blanchelande.
C
Belleville 3 188 D127
Saint-Nicolas-de-Pierrepont 3 191 D127
Saint-Sauveur-de-Pierrepont 2 193 D127 Village généralement très bien fleuri.
Neuville-en-Beaumont 2 195 D127
Besneville 3 198 D127
D50

Mont de Besneville  beau panorama à 2 km.
À proximité : B.P.F. de Saint-Sauveur-le-Vicomte.

BRICQUEBEC 13 211 D900

Château féodal avec l'un des plus beaux donjons. Musée dans la tour de l'horloge. Abbaye cistercienne de Notre-Dame-de-Grâce.

Quettetot 4 215 D900
Rauville-la-Bigot 3 218 D900 Manoir de la Chesnaie.
Breuville 2 220 D900
D56 *
 
À droite
Saint-Martin-le-Gréard 4 224 D119
Hardinvast 3 227 D119
CHERBOURG 7 234

Musée du Roule au-dessus de la ville. Jardin d'arboriculture et d'acclimatation, charmant petit jardin orné de bambous, de massifs de camélias et de magnolias. Ports.