Rennes / Perros-Guirec / Rennes

29 et 30 septembre 2012

Seul

DIAPORAMA.

La méforme et le mauvais temps du mois d'avril puis l'accident de Jean-Charles au tout début du mois de juin expliquent en partie que je parte si tard dans la saison, et en solitaire, effectuer ces deux Flèches, les seules que je n'ai pas encore réalisées.

Samedi 29 septembre 2012

CHANTEPIE / LANNION. 197 km ; 18,75 km/h ; 10 h 31 min de vélo. Entre 8 h 40 et 21 h.

À cette époque de l'année, il fait à peine jour à 8 h et je ne pars donc qu'à 8 h 40. Je suis d'emblée retardé par un compteur qui refuse de fonctionner. Le problème finit quand-même par être réglé assez rapidement et il est 8 h 55 quand la carte de route de départ est déposée dans la boîte de la poste du Landry.

Commence alors l'interminable traversée de Rennes en direction de l'ancienne route de Saint-Malo. C'est samedi matin et la circulation est faible heureusement. Mais les feux rouges sont toujours là et je suis constamment obligé de m'arrêter. Il est presque 10 h quand je suis à Montgermont où j'hésite quelque peu avant de trouver la sortie vers Parthenay.

Me voici enfin en rase campagne et d'emblée sur des routes qui ne sont pas spécialement plates, c'est le moins que l'on puisse dire. Le ton est donné pour le reste de la journée. Le temps est gris, frais mais pas trop froid. Je n'aime pas cette région située au nord-ouest de Rennes et je ne sais pas trop pourquoi. C'est sans grand plaisir que je progresse via Romillé, Irodouër (à proximité du pylône de Bécherel), Landujean, Médréac (où je coupe la route de PBP), Guitté (et la belle côte qui suit), vers Caulnes où il faut encore grimper après avoir franchi la Rance.

Je rejoins la D 712 (c'est-à-dire l'ancienne RN 12) au lieudit Recouvrance. On arrive juste en-dessous du raidillon final (dans le sens Saint-Brieuc, Rennes). Je reconnais bien l'endroit car j'ai souvent emprunté cette route lors des nombreux trajets Rennes/Guingamp/Rennes que j'ai été amené à faire il y a maintenant un peu plus de quarante ans.

Je suis à Broons à midi ; de lourds nuages bien noirs et menaçants se trouvent juste devant moi. Je ne repère pas de boîte aux lettres et suis obligé de me renseigner à deux reprises avant de trouver enfin la poste. Je dépose la carte de contrôle et me ravitaille (une compote de pommes comme on donne aux bébés, et un biscuit). Il faut bien que je mange un peu, mais avec beaucoup de prudence ; c'est ainsi maintenant.

En route vers Sévignac. Je retrouve, en sens inverse, la route faite au retour du BRM de 200 km organisé par le club de l'Hermitage le 12 mars 2011 en vue de PBP. L'averse se déclenche assez brutalement et j'ai à peine le temps d'enfiler l'imperméable. L'épisode de pluie dense ne dure pas trop longtemps ; mais je progresserai quand-même toujours sous quelques gouttes et sur une route détrempée jusqu'à Plénée-Jugon. Je vais alors pouvoir quitter l'imperméable dès qu'il sera sec.

Au rond-point, à la sortie de Plénée-Jugon, la direction de Saint-Glen n'est pas indiquée. Une dame me renseigne et ajoute : « et ça va monter ; beaucoup ». Je suis au moins averti et effectivement, je ne serai pas déçu.

Jusqu'à Trébry, c'est beaucoup moins vallonné et on peut enfin « souffler un peu ». On atteint ensuite sans tarder l'axe Collinée/Moncontour que l'on emprunte aussi lors de la Flèche vers Roscoff.

Voici Moncontour ; presque tout de suite c'est le virage à droite : pour atteindre Hénon, il vaut mieux alors être sage. À peine là-haut on redescend brutalement puis on remonte presqu'aussi brutalement vers Saint-Carreuc où je m'accorde dix minutes de repos dans un café : j'ai soif et mon bidon vide doit être rempli. Une longue côte permet d'atteindre Plaintel (encore une ; on me l'avait signalée lors de mon arrêt à Saint-Carreuc) avant de descendre sur la grande route qui se redresse (eh oui !) presque continûment pour atteindre Quintin où je suis à 16 h 30.

Direction Chatelaudren puis à gauche pour monter vers Saint-Gildas avant de commencer la longue descente vers la vallée du Trieux où l'on coupe la route de Guingamp à Corlay au lieudit le Pont du Trieux. J'arrive là sur des itinéraires que je parcourais au temps de mon adolescence quand je ralliais Ploumagoar où j'habitais à Bourbriac où habitait ma grand-mère ; l'itinéraire normal quittait la vallée, un peu en aval à Pont-Locminé, mais il m'arrivait de faire le détour par le Pont du Trieux et Plésidy. Je me rappelais bien les deux kilomètres de montée jusqu'à Plésidy, mais j'avais oublié la longue et difficile côte jusqu'à Bourbriac après le pont qui franchit le Sullé. À Bourbriac je passe devant ma maison natale située, avec sa balustrade blanche comme naguère, sur la gauche cinquante mètres après la mairie.

Je fais une pause (qu'un chien dans une maison voisine n'apprécie guère) pour un ravitaillement analogue à celui de Broons car je sais que la route vers Gurunhuel, point culminant de la randonnée, sur la hauteur, face au Ménez-Bré qui la domine de très peu au nord, va être rude... et elle le fût. Il est 19 h quand je bascule vers Louargat où je dépose la carte contrôle dans la boîte aux lettres de la poste.

Je me trompe en quittant Louargat et je me retrouve à Bégard après avoir contourné le Ménez-Bré par l'ouest. Ce n'est pas grave. Je vais rejoindre Lannion par Cavan, Caouënnec et Buhulien en empruntant l'ancienne route de Guingamp à Lannion qui s'enroule maintenant autour de la « quatre voies ». Cette ancienne route est très bien fléchée en tant qu'itinéraire cycliste vers Lannion. La nuit est complètement tombée quand je sors de Cavan mais je possède un bon éclairage. J'arrive à l'hôtel Ibis de Lannion près de la gare à 21 h comme prévu quand j'ai appelé cet hôtel lors de mon passage à Bourbriac (où je m'étais assuré que cette prévision n'était pas incompatible avec la possibilité de dîner). Je ne me sens pas très fatigué, probablement parce que j'ai monté toutes les côtes (1480 m de dénivelée au total) très doucement, nettement « en dedans ». La moyenne n'est donc pas très élevée mais, comme je me suis assez peu arrêté, l'heure d'arrivée demeure raisonnable.

Une douche rapide ; un bon dîner au restaurant qui jouxte l'hôtel et je vais vite me coucher car l'équation posée par un retour à Rennes demain soir, avant minuit (si je veux avoir terminé TOUTES les Flèches avant le 1er octobre), ne me semble pas évidente à résoudre.


Dimanche 30 septembre 2012

LANNION / PERROS / RENNES. 211 km ; 18,16 km/h ; 11 h 37 min. Entre 8 h 45 et 22 h 45.

Je quitte l'hôtel à 8 h 45. Il fait beau mais froid quand je suis quai de l'Aiguillon. Je prends le trajet LE PLUS COURT en direction de Perros. J'ai souvent longé la Côte de Granit Rose ainsi que l'agglomération de Perros et ses plages de Trestraou et de Trestrignel ; mais l'objectif de cette journée d'automne n'est pas de refaire ces visites ; je souhaite revenir à Rennes avant minuit si je ne sens pas mes forces trop décliner en cours de journée et je ne veux pas compromettre ce retour dès maintenant.

Il y a encore très peu de circulation. Je franchis assez facilement la longue côte à pourcentage conséquent par laquelle on sort de la ville pour arriver au niveau de l'aéroport (braquet 26/19). En haut, je suis en sueur ! Après quelques kilomètres, la descente assez vertigineuse vers le port de Perros, encaissée et encore à l'ombre, effectuée à grande vitesse sur une chaussée roulante, dissipera définitivement l'envie d'enlever mon blouson qui m'avait effleuré un peu plus tôt.

Je m'arrête au port de Perros magnifiquement illuminé par le soleil matinal, afin de poster, à l'endroit qui vient de m'être indiqué par une personne sortant d'une boulangerie, la carte d'arrivée et celle du départ quasi simultané vers Rennes. Je n'ai pas envie de revenir à Lannion. Je consulte donc la carte et j'y repère une route « blanche », donc une « petite route » qui permet de rejoindre Rospez puis Caouënnec. Après renseignement, il apparait que le mieux, pour rejoindre cette route, est de passer par Louannec.

Je longe un instant l'anse de Perros et je m'élève vers Louannec ; quelle côte ! Peut-être pas tout à fait celle de la sortie de Lannion, mais presque. Je croise des groupes de cyclotouristes locaux en train d'effectuer leur sortie du dimanche matin. Manifestement ils ne se promènent pas ; ça me semble même aller très vite : vélos de course et grands braquets sont de rigueur ; je n'ai absolument rien contre ; l'essentiel est que chacun fasse ce qui lui convient dans le contexte présent.

Après Louannec il me faut aller un peu vers Tréguier puis prendre à droite la D38 vers Lannion. Je dois trouver ma route un peu plus loin sur la gauche. J'ai eu bien de la chance de la détecter car il n'y a aucun panneau indicateur ; mais j'étais aux aguets. Voyant une route qui pourrait être la bonne, j'aperçois une pancarte qui ressemble à celles que l'on voit parfois en ville pour indiquer un nom de rue ; il y est marqué : « Chemin de Rospez » ; je m'y engage donc... on verra bien.

Quelle route ! Vraiment minuscule, au revêtement parfois incertain, avec de l'herbe au milieu, avec des descentes, des virages et des côtes surprenants ; avec quelques hameaux aussi. J'y croise quand-même deux automobilistes dont les renseignements me rassurent car j'ai du mal à me convaincre que je me dirige bien vers... Rennes.

Je finis par rejoindre Caouënnec. La route vers Bégard, là-haut, puis vers le contrôle obligatoire de Louargat (où je suis à 12 h) est assez aisée et le blouson rejoint la sacoche car la température a nettement augmenté. À Louargat j'hésite un peu ; ne ferai-je pas mieux de rejoindre le Pont du Trieux en passant par Guingamp ? Ce serait certainement beaucoup plus facile et pas beaucoup plus long ; mais jusqu'à Guingamp il faudrait encore s'enrouler autour de la « quatre voies », comme hier vers Lannion et comme nous l'avons fait ici même lors du PBP audax 2006 au cours de la deuxième étape [Saint-Brieuc / Brest / Saint-Brieuc]. Je décide finalement de rester sur l'itinéraire recommandé malgré tous ses obstacles.

La difficile route vers Gurunhuel puis Bourbriac via Coat-Forn est franchie tranquillement. Je m'arrête à Bourbriac. Je vais au cimetière me recueillir sur la tombe familiale. Je vais ensuite à la boulangerie-pâtisserie encore ouverte (13 h 15), puis je consomme un gâteau et une cannette de « perrier », bien installé sur un banc au soleil le long de la place et de l'église. Je repars à 13 h 45.

Je progresse régulièrement jusqu'à Quintin en m'économisant le plus possible sur la route tranquille constamment vallonnée via Plésidy, le Pont du Trieux, Saint-Gildas. Peu importe mon heure d'arrivée et la nuit qui m'attend ; je ne pense à rien, profitant simplement du silence, du ciel bleu et de l'instant présent. À Quintin, je fais une pause dans un des seuls cafés ouverts en ce dimanche après-midi (à la sortie de la ville, à mi-côte, pratiquement en face d'une esplanade assez fréquentée) ; il me faut boire et remplir le bidon.

C'est maintenant l'intervalle très accidenté (Plaintel, Saint-Carreuc, Hénon, Moncontour (17 h), Trébry) ; la route est ensuite relati­vement moins exigeante jusqu'à Broons (19 h) via Saint-Glen, Plénée-Jugon et Sévignac.

Presqu'en fin de montée vers Hénon, j'ai eu une brève et aimable discussion avec un groupe de deux grands adolescents et deux grandes adolescentes qui se promenaient à pied. Quand je leur ai fait savoir que je comptais regagner Rennes ce soir, je fus interpellé.
« En vélo ? Me demanda l'un d'entr'eux.
– Oui.
– Eh bien vous êtes dans la merde alors ! » me lança-t-il.
J'ai bien aimé cette réponse pleine de spontanéité et d'humour peut-être un peu caustique.

Au contrôle de Broons, le soleil est déjà bien bas et je décide de rejoindre Rennes via Plumaugat, Saint-Méen-le-Grand et Montfort-sur-Meu, itinéraire que je connais et qui me semble donc préférable, de nuit, à celui qui passe par Caulnes, Guitté, Médréac, Romillé et Parthenay.

Lors de l'ascension de la première des deux côtes en direction de Plumaugat, une douleur vraiment bizarre et indéfinissable autour de la hanche droite se déclenche ; elle va me gêner considérablement jusqu'au bout et m'inquiéter. J'allume l'éclairage du vélo juste avant Plumaugat et je me restaure un peu (une tranche de pain d'épice) car le gâteau de 13 h est déjà loin. À partir de Saint-Méen c'est vraiment la nuit, avec un très beau clair de lune ; nuit de plus en plus FROIDE alors que le temps passe. La circulation automobile est faible en ce dimanche soir et à cette heure. Je mène patiemment la fin de ma randonnée jusqu'à Rennes où je dépose la carte d'arrivée à 22 h 45, bouclant ainsi le cycle complet des Flèches de l'Ouest.


Et le vent ? Il n'a pas été évoqué ci-dessus ; c'est donc qu'il n'a pas été trop gênant. En réalité, à l'aller, le vent n'a jamais été favorable mais sans jamais non plus entraver durement la progression ; au retour il a été favorable par moments.